vendredi 18 août 2023

L'émotion et l'âme

"Blade runner" de Ridley Scott (1982)

   Les émotions me posent un problème. Leurs absences ou leurs altérations me rendent confus.

   Le consensus sur l’espèce humaine est de dire que l’Homme est un animal émotionnel ; comme la plupart des mammifères de cette planète, sans aucun doute (n’en déplaise aux créationnistes !).

   M’est-il permis de penser qu’un humain avec des émotions altérées n’est plus vraiment humain ?

   En prenant l’exemple du film de Ridley Scott sortit en 1982 : « Blade runner »… L’histoire de cette fiction est que les humains créés des androïde-esclaves d’apparence tellement humaine qu’il faut un test d’émotion pour les repérer… En voulant créer l’androïde à l’image de l’Homme, les humains ont dus incorporer une base émotionnelle à ces esclaves biomécaniques pour essayer de les stabiliser dans leurs comportements.

   Laissons cette fiction de côté et reprenons le thème commun de ces deux facettes de pensée… Avec ses centaines de milliers d’années d’existence, l’Homme devrait être d’une stabilité à toute épreuve sur le plan émotionnel, faisant de lui « un être supérieurement émotif »…

   Toutefois, parmi l’espèce homo-sapiens, il semble exister des personnes émotionnellement instables. Difficile de dire dans quelle proportion ces créatures se trouvent. J’use du mot « créatures » car on peut assurément douter du statut d’humain de ces dernières… Ces créatures, donc, rejoignent d’un certain point de vue, la situation fictive des androïdes biomécaniques de « Blade runner » : est-ce l’émotion qui connecte à l’âme ; ou l’âme qui connecte à l’émotion ?

   Dans le film de fiction comme dans la vie contemporaine, ce sont les concepteurs qui sont responsables de la qualité de la base émotionnelle, selon moi. L’instabilité se répand ensuite en fonction du milieu évolutif de la créature. Pour survivre dans ce conflit d’émotions et passer inaperçu aux yeux de ces humains inquisiteurs, seul le mime est salvateur un temps ; jusqu’à ce que l’on tombe sur un test émotif…

   Les personnes semblant humaines avec une altération émotionnelle ont-elles une âme ? Possèdent-elles une « humanité » ?

   Avec une autre approche de questionnement : ceux et celles qui bidouillent la base émotive de leurs « jouets », de leurs « esclaves » ; leur ôtent-ils la capacité de devenir humain ? La société doit-elle se retourner contre ces aberrations génétiques, ou les assimiler ; et se retourner contre les concepteurs desdites altérations souvent volontaires ?

   J’avoue que ces questionnements ne sont pas juste le fruit d’un jeu de la pensée. Ils m’imprègnent depuis que j’ai appris à réfléchir et mes capacités intellectuelles ne me permettent pas de trouver un semblant de réponse.

   Ce que je retiens de tout cela est que, comme dans le film, le sentiment de solitude est immense quand on dépasse le simple fait de mimer les autres… Une solitude terrible que certainement la plupart des humains n’imaginent pas...


4 commentaires:

  1. Les sujets abordés sont tellement vastes dans ce billet riche, que je me contenterai de l'aspect suivant :
    Quelqu'un qui aurait une stabilité émotionnelle à toute épreuve… ne pourrait pas être qualifié d'humain. La faculté de ressentir des émotions, de les comprendre, les analyser, de les investir par des actions effectives, fait toute la différence avec le robot qui « ne ressent rien » mais par algorithme on peut effectivement « lui apprendre à faire semblant de ressentir », ce qui le rend forcément dangereux pour l'humanité, s'ils sont programmés pour détruire de « vrais humains » !
    Il est vrai que l'humain ordinaire peut lui aussi « tromper son monde »…
    Par essence, le vivant et foncièrement instable, c'est ce qui fait sa valeur et son intérêt. Et même ce qui est considéré comme inerte, telles que les pierres par exemple, leur stabilité n'est qu'apparente.

    Cela dit on peut spéculer sans cesse sur ce genre de questions.
    Ne serait-ce pas ce mode de pensée qui génère le sentiment de solitude, parce qu'alors on s'éloigne de plus en plus de « ses frères humains » en chair et en os.
    Effectivement, en ce cas, cela peut être terrible.

    Quoiqu'il en soit, content de te retrouver sur le net pour dialoguer avec toi.

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  2. Bonjour "AlainX".
    Tout d'abord je veux t'exprimer mon étonnement pour le suivi que tu m'accordes. Des années à me lire ou à patienter après mon instabilité... C'en est surprenant.
    Tu dis : le vivant est foncièrement instable. Je dis à mon tour qu'alors ce qui mime le vivant ne peut être qu'instable aussi...
    Je ne retiendrai alors qu'une de tes réflexions : "Ne serait-ce pas ce mode de pensée qui génère le sentiment de solitude ?..."
    Mais la question reste sans réponse : qu'est-ce qu'être "humain" ?...
    Merci de ton intervention que je prends avec respect, vu ton cursus de vie.
    Au plaisir...

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  3. « Mais la question reste sans réponse : qu'est-ce qu'être "humain" ?... »
    La réponse ne peut être que celle que chacun formulera personnellement. Dans la littérature au sens large du mot ils sont légion ceux qui ont répondu et même cherché la définition ultime qui devrait finir par s'imposer. Il y en a tellement selon les époques, les idées, les idéologies, les religions, etc.
    Pour ma part je me sens un être en recherche d'humaniser son existence, et je me perçois donc en voie d'être humain, non pas d'un point de vue moral, mais d'atteindre un stade d'humanité suffisant et qui ne sera jamais acquis pleinement.
    C'est probablement pour cela qu'avec constance et intérêt j'aime à te suivre pour autant que tu communiques et voilà pourquoi j'ai commenté chez toi, « mon frère humain ».

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