mardi 23 janvier 2024

jeudi 18 janvier 2024

La lisière

   La lisière est la limite d’un biotope, d’une zone, d’un environnement, qui marque le changement de celui-ci par un autre environnement… Empiriquement, on peut extrapoler l’idée est la reporter à la limite d’un comportement, d’une psyché, d’une nature profonde qui amène à quelque chose de différent…

   Nous vivons toutes et tous sur la même planète, dans différents environnements, différentes cultures, différentes structures gouvernementales et familiales… Et parmi nous tous, certains vivent à la lisière de tout cela. Si on devait départager cet imbroglio d’existences, je dirai qui y a celles et ceux qui vivent dans leur milieu sécurisant ; et celles et ceux qui vivent en bordure : à la lisière.

   Dans ce dernier groupe, on pourrait aussi départager celles et ceux qui ont choisis volontairement de s’installer à la bordure de leur monde ; et puis celles et ceux qui y sont nés…

   Où est-ce que je veux en venir ?

   La question que je me pose est : les gens de l’intérieur du monde ont-ils la capacité d’empathie envers ceux de la lisière du monde, et vice-versa ? Au-delà de l’empathie, peuvent-ils vraiment comprendre l’autre ?

   Je pense à la narration de quelqu’un de cher qui m’a amené à cette réflexion :

   "Imaginez une grenouille qui vit tranquillement au bord d’un étang, quelque part en campagne… Sa vie se cantonne à se baigner, se nourrir d’insectes et assurer la perpétuité de son espèce ; suivant le rythme du climat et des saisons. Son seul univers est l’étang, l’ombrage des broussailles, des arbres, et la plénitude de son étang parfois dérangé par des créatures géantes qui se meuvent sur deux pattes…

   Et voilà qu’un jour, une créature vaguement semblable à elle lui tient conversation, lui causant de contrées qu’elle n’a jamais vu : un lac sans fin, d’un seul bord tellement grand que sa vie entière de déplacement ne suffirait pas à en faire le tour. D’une étendue si immense que sa capacité à se mouvoir dans l’eau n’en viendrait pas à bout… Même que cette eau n’en serait pas douce mais d’un goût affreux. Et dans ce lac sans fin, vivent des créatures tellement énormes que la grenouille passerait inaperçue !

   La grenouille ricane et pouffe : cela n’existe pas, c’est du pur délire, un fantasme obscène et ridicule. Le monde est là devant elle : l’étang déjà immense, ces amies batraciennes, les insectes grands voyageurs et nourriture excellente, et les quelques prédateurs qui ne s’éloignent jamais de trop…"

   Comment convaincre, persuader cette grenouille qu’il y a des océans, des cétacés ou des crustacés au-delà de son champ de vision, de son champ de compréhension ?

   Je suis entré dans ce monde par la lisière. J’y ai été maintenu un certain temps par les autres. Était-ce pour mon bien ou mon mal ? Cela n’a aucune importance. Le fait est que l’incompréhension est réciproque entre les autres et moi. J’ai tenté en vain pendant des décennies à essayer de comprendre le monde qui m’entourait, et le monde qui m’entourait a aussi essayé de me comprendre en vain…

   Cet être cher m’a simplement conseillé de renoncer à comprendre ou être compris : c’est impossible parce que ce monde n’est pas le mien ! Là réside l’erreur de chacun : se convaincre qu’on est en capacité de comprendre ce qui ne nous est pas semblable !

   J’ai fini par accepter le conseil de cette personne de la lisière du monde. Depuis, ma fureur et ma cruauté ont moins d’impact sur ma vision des choses.

   Est-ce là le début de la compréhension lorsqu’on renonce ?...


Le pourfendeur de monstres

     Dans tout conte pour enfant on a les éternels protagonistes du « bon » et du « méchant ». Il importe peu de les présenter dans un ordre...