Dans tout conte pour enfant on a les éternels protagonistes du « bon » et du « méchant ». Il importe peu de les présenter dans un ordre quelconque, tout auditeur ou lecteur, quel que soit son âge, cernera « qui » est « qui »…
On présente toujours le « bon » comme un être gentil, innocent, naïf, voire un peu con à l’entendement, vivant dans un monde de bisounours où la vie est tellement belle que les recommandations à la prudence des anciens semblent caduques. D’ailleurs on ne saisi pas trop l’idée de « prudence » dans un monde parfait et doux… Quels rabat-joies que sont les anciens !
Le « méchant », quant à lui, ben il est foncièrement mauvais, se délectant de sa méchanceté et raffolant de l’effroi qu’il procure. D’où il sort, quel est son cursus ; le narrateur s’en tape : le méchant est méchant, un point c’est tout !
En toute logique, l’affaire devrait être réglée en deux temps trois mouvements : le gentil niais n’a aucune chance contre un méchant aguerri à occire ses innombrables proies…
Mais voilà que dans chaque conte, y a un traînard qui s’invite avec nonchalance : le « pourfendeur de monstres » ! Ce type là est assez badasse pour l’emporter sur n’importe quel monstre, mais allez savoir pourquoi il n’est ni casé, ni en paix : à croire qu’il foule les sentiers juste pour croiser le « bon »… Et quand il le croise, le « pourfendeur de monstres » se loue pour argent sonnant ; comme si le type était un S.D.F. faisant la manche : « z’auriez pas une petite piècette, M’sieurs Dams, pour que j’puisse m’payer une p’tite pichette de vinasse ?…
Sans déconner, mais que font les « pourfendeurs de monstres » à passer leur existence à croiser par inadvertance le bon qui suit les papillons roses ?… Vous allez me sortir l’excuse bidon du genre : « Oui méééé… le « pourfendeur de monstres » ne trouve pas sa place dans ce monde de bisounours (où il n’est pas censé y avoir de monstres), alors il bouge !...
Bref… V’là encore un conte à dormir debout ! A moins que nous ayons négligé (volontairement?) une question primordiale : sommes-nous sûr de pouvoir désigner le monstre de l’histoire sans nous tromper ?
Je suis persuadé que tout est histoire de « point de vue ».
Prenons le point de vue du « bon » : ben, comme le « bon » est « bon » tout individu qui le contrarierait est forcément un « méchant » ! Alors que du point de vue du « méchant » : tout individu qui le contrarierait est forcément « méchant » !
Vous allez sûrement rebondir avec : « le pourfendeur de monstres », lui, connaît son affaire ; puisqu’il ne peut pas pourfendre autre chose que des montres !
C’est là qu’on réalise que la narration est biaisée dès le départ : on nous présente le « bon » avec son joli « background » ; alors qu’on nous cause jamais de celui du « méchant »…
Du coup, le couillon de « pourfendeur de monstres » (qui ne lit jamais le scénario) prend toujours partie pour le « bon-mauvais », et jamais pour le « mauvais-bon »…
Mais alors, qui pourfend-t’il finalement ?...